TLDR;
MartiniqueTech, en collaboration avec les autres associations du secteur, a rédigé un manifeste à destinations des candidats à la CTM. Le document est globalement intéressant et à fait l’objet d’un appel à contribution.
Si je ne suis pas d’accord avec plusieurs points, notamment autour de la fiscalité ou de l’offre de formation locale, ma préoccupation est le nombre de propositions du manifeste.
Je décris deux propositions qui me semblent prioritaires sur tout le reste : l’ouverture des données et l’ouverture des administrations à des profils d’entrepreneurs. L’une permet d’amorcer la pompe à données, l’autre d’initier une démarche d’amélioration au sein même des administrations.
Open data partout
L’open data est une obligation légale pour les collectivités. Sans même considérer tout autre impact, le fait de respecter une obligation légale devrait être une priorité pour une collectivité.
Le fait que des données soient insuffisamment ouvertes ou ne soient pas ouvertes du tout à plusieurs effets :
- l’insatisfaction des administrés. Dans certains cas, cette insatisfaction se transforme en action qui finit en recours devant le tribunal administratif. A la fin, les données sont communiquées. C’est donc une perte de temps pour tout le monde.
- une gouvernance par l’obscurité. D’une part, les documents et données permettant d’évaluer l’action publique ne sont pas disponibles pour les administrés, les associations et les médias. Sans mettre en œuvre les actions du point 1., seule la communication de l’administration est disponible. De façon plus surprenante, on peut se demander si ces données ne sont pas également indisponibles pour l’administration elle-même.
- une perte de compétitivité supplémentaire ou de compétitivité tout court. Un produit aurait peut-être pu être produit si des données existaient. Si les mêmes données existent ailleurs mais pas ici, faut-il s’étonner que notre marché soit délaissé ?
Avoir des données ouvertes et dans des formats adéquats permettrait de résoudre ces trois problèmes.
Le format n’est pas à négliger, on frôle parfois le génie (maléfique) tant l’inadéquation entre le format et les données est patente. Exemple, l’octroi de mer. Le format mis en ligne est un PDF de 1200 pages.
En plus d’être manifestement obsolète, est-ce qu’un document PDF de 1200 pages est le format le plus adapté pour facilement identifier les changements ou intégrer ces taux dans son système d’information ?
KPIs mesurables
- Proportion moyenne des données ouvertes sur la mandature
- Proportion des données ouvertes sur la dernière année
- Nombre de réutilisation des données
Programme Entrepreneur d’Intérêt Général
L’entrepreneur d’intérêt général (EIG) est un programme créé en 2016 sous l’égide d’Etalab, un département de la direction interministérielle du numérique (DINUM).
Il vise à intégrer des professionnels du numérique au sein d’administration pour un temps limité (10 mois) pour travailler sur un projet nécessitant des compétences spécifiques.
A la différence d’un prestataire :
les EIG ne travaillent pas sur un cahier des charges précis. Elles et ils sont maîtres de leur projet et peuvent proposer des modifications […] s’il existe des manières plus adéquates […] en termes de technologies ou de livrables. […] les EIG sont amenés à élaborer une feuille de route sur laquelle elles et ils itèrent avec leurs porteurs de projet. Faq EIG
A la différence d’un contrat court :
les EIG sont mobilisés sur un seul projet, et pendant 10 mois. Cela leur permet de mener un projet de bout en bout, de sa conception à sa réalisation.
Il s’agit donc de travailler sur un projet unique, en un temps limité, en mode lean (avec des itérations) avec une latitude pour faire des améliorations techniques ou fonctionnelles. Un deuxième objectif est de travailler en immersion au moins partielle avec l’administration pour la confronter à des pratiques différentes.
A la différence de la livraison d’un outil fonctionnel, ce second objectif peut sembler secondaire parce que son impact est difficilement mesurable. Néanmoins, sur du long terme, c’est le plus important, car il permet la diffusion d’un ensemble de pratiques efficaces, décorrélées de considérations politiques et de jeux de pouvoirs.
Ce type de projet implique nécessairement une volonté de l’administration de s’ouvrir à des pratiques nouvelles et d’accepter de se faire bousculer dans son fonctionnement. Symétriquement, l’EIG doit être suffisamment détaché de l’administration pour travailler sereinement tout en étant suffisamment expérimenté pour gérer et distinguer les contraintes réelles de celles qui sont construites ou imaginées.
La CTM, et l’ensemble des collectivités locales, ont tout intérêt à utiliser ce genre de programme. Non seulement, il y a pléthore de projets à initier, mais les compétences ne manquent ni sur le territoire, ni à l’extérieur pour des candidats à un retour complet ou même simplement temporaire.
Peut-être ce programme peut-il être adapté pour l’ouvrir à des candidats locaux ou le faire fonctionner sur plusieurs collectivités. Mais il est possible immédiatement :
- de se préparer à une participation au programme national existant
- répliquer le modèle en ciblant des entrepreneurs locaux et/ou candidats au retour
Engagement et coût limité en valeur et dans le temps, production d’un outil utile à tous, augmentation des performances de l’administration. Trois raisons de s’y mettre.
Deux KPIs mesurables
- nombre de projets menés avec ce type d’approche
- nombre de ces projets terminés actuellement utilisable (à jour)